8 clés pour chanter les aigus avec aisance
Bien chanter dans le registre des aigus peut être un vrai challenge et demande beaucoup de travail.
Difficile de ne pas atteindre ces notes sans pousser la voix, forcer, la faire dérailler et l’abîmer : votre larynx remonte et votre gorge se serre, vous mettez trop de pression sur les cordes vocales dans un effort considérable. Et vous n’atteignez pas cette voix aiguë ample, posée et libre que vous recherchez. Ce n’est pas naturel.
Chanter aisément dans les aigus s’apprends ! C’est une technique qui vous demandera beaucoup de travail et de temps pour l’acquérir, pour vous libérer de mauvais réflexes et habituer votre corps à agir autrement.
Avoir une respiration adaptée au chant
Adoptez la respiration diaphragmatique intercostale lorsque vous chantez. (voir l’exercice dans le guide « 25 conseils pour chanter Pro ».)
Le souffle doit être soutenu par le diaphragme qui doit être bien abaissé. Il faut maintenir le diaphragme baissé le plus possible, et s’appuyer dessus pour expirer. Il remontera progressivement, accompagné par les muscles du ventre.
Cette respiration permet d’avoir :
- une colonne d’air stable à l’expiration
- aucune tension au niveau de la gorge
- beaucoup moins de pression sous les cordes vocales
Plus la pression sous les cordes vocales (sous-glottique) sera faible, plus la voix sera timbrée. Il faut donc éviter de pousser sur la sangle abdominale lors de l’expiration ; elle doit être sollicitée sans forcer pour limiter cette pression.
Il vaut mieux également ne pas respirer à fond pour ne pas se crisper et mettre trop de pression sous les cordes vocales. Essayez de respirer à 90 %.
Exercice pratique 1 : respiration basse
- Imaginez que l’air soit de l’eau et le poumon le verre.
- Remplissez le verre progressivement, en commençant bien par le fond jusqu’en haut sans déborder.
- Adoptez la respiration basse en veillant à ne pas lever les épaules.
Exercice pratique 2 : connexion souffle-voix
- Faites pendant 10 secondes une vibration des lèvres comme pour imiter un moteur de voiture (cf. l’enregistrement ci-dessous). Faites-le sans le son puis avec.
Bien ouvrir ses côtes flottantes
Garder les côtes flottantes ouvertes le plus longtemps possible permet au son d’être émis beaucoup plus librement, et ainsi de monter facilement dans les aigus.
En chantant, imaginez que vous continuez d’inspirer pour qu’elles restent ouvertes ; elles s’affaisseront vers la fin.
Les côtes ouvertes et la basse respiration permettent au diaphragme de s’abaisser correctement,
Ouvrir vos côtes entrainera également une plus grande ouverture de la gorge.
Exercice pratique 3 :
- s’allonger sur le sol
- placer un petit livre sur son nombril
- Pratiquer la respiration basse
Vous devez sentir que votre bas du dos touche le sol et que le livre se soulève un petit peu. Faites attention à ne pas effectuer de mouvement pour sortir le ventre.
Le repère d’un bon mouvement : la souplesse
Toute forte crispation dans le corps entraine un serrage de la gorge. Si vous vous crispez, c’est que vous effectuez un mauvais mouvement.
Gardez toujours en tête la notion de « Souplesse » !
Chanter dans sa tessiture
La tessiture est l’ensemble des notes qu’une voix peut chanter sans fatigue, où chaque note peut se faire entendre aisément avec une plénitude d’harmoniques. Elle correspond à un type de timbre*.
Dans la variété, nous pouvons quand même aller de temps en temps au-delà. Le micro permet aux notes hors de notre tessiture au volume faible d’être quand même entendues.
L’art lyrique classe ainsi les tessitures :
Femmes :
- Soprano
- Mezzo Soprano
- Alto
- Contralto
Hommes :
- Ténor
- Baryton
- Basse
Les aigus d’une soprano sont différents d’une mezzo-soprano, et ceux d’un ténor d’une basse.
Les chanteurs ont une partie de la tessiture en commun, mais un Do médium de soprano ou de mezzo ne sera pas du tout timbré de la même manière.
On ne peut pas demander à une basse de chanter du Freddie Mercury ou du Klaus Meine dans la tonalité originale, il devra l’adapter à sa tessiture.
Donc pour ne pas fatiguer votre voix, vous devez chanter dans une tonalité qui vous convienne, ou transposer un morceau si nécessaire.
Prenez donc bien en compte votre tessiture lorsque vous composez une chanson.
On peut déterminer sa tessiture à partir de la note de passage*.
(Je posterai un autre article consacré à la tessiture)
*Timbre de la voix (définition Larousse) : Qualité particulière du son, indépendante de sa hauteur ou de son intensité, mais spécifique de l’instrument, de la voix qui l’émet : Voix au timbre chaud. (Il est lié aux intensités relatives des harmoniques qui composent le son.)
* note de passage : grossièrement, c’est la note sur laquelle s’effectue le passage d’un registre à un autre. Par exemple : le passage de la voix de poitrine en voix de tête. À cet endroit, nous sentons qu’un autre mécanisme se met en place. On ressent une zone d’instabilité.
D’abord travailler les médiums
La maitrise des médiums de votre voix déterminera celle des graves et des aigus, c’est la première étape à franchir.
Dans le médium, chantez comme vous parlez.
(Il est nécessaire d’avoir déjà une voix parlée bien placée et équilibrée, il existe des exercices pour ça.)
Chanter comme on parle implique de chanter sans aucun effort, de manière naturelle : sans grossir sa voix, sans la trafiquer, sans effectuer de mouvement inutile.
Dans le médium il est inutile de trop ouvrir la mâchoire.
Exercice pratique 4 : le bon placement
- Chanter « iii » sur une note continue
- En bouchant vos narines avec doigts, le son ne doit pas changer.
Écoutez un « i » trop nasal et mal placé enchainé d’un « i » bien placé :
Astuce : pour bien placer la voix dans le médium/grave, vous pouvez imaginer que vous sentez une mauvaise odeur (ça vous aidera à ouvrir légèrement le nasopharynx. « voir le guide 25 conseils pour chanter pro »)
Ouvrir la mâchoire
Pour obtenir un bel aigu, votre mâchoire doit être bien ouverte, quelle que soit la voyelle chantée (dans l’aigu seulement).
Ouvrir la mâchoire se fait en plusieurs étapes :
- Dans le grave et le médium : on ressent les vibrations de la voix au niveau des dents. La mâchoire est détendue, légèrement ouverte, comme pour la parole.
- Vers la note de passage* : La mâchoire doit commencer à être plus ouverte. (*voir l’étape 4)
- Dans les aigus : Plus on monte, plus la vibration recule dans la bouche. Vous ouvrirez progressivement la mâchoire.
- Vers le suraigu : La mâchoire est bien ouverte, mais avec souplesse toujours.
Ouvrir la gorge et projeter la voix
Quand vous chantez dans l’aigu, votre gorge doit être bien ouverte.
La note qui précède l’aigu est très importante, elle déterminera la qualité de votre voix dans l’aigu. Cette note doit être soignée, bien placée.
Si on commence par un son trop ouvert alors la suite ne sera pas stable.
L’aigu ne doit pas être pensé comme une « nouvelle note », mais comme la continuité de la précédente.
Dans le suraigu (Sib pour les ténors et sopranos), imaginez que le son part de la base du crâne et se projette devant. Vous ressentirez un étirement de votre gorge (un peu comme un élastique).
Focalisez votre son en un point en face de vous, comme si vous vous adressiez à quelqu’un : cela vous aidera à effectuer le bon geste de projection de voix.
Exercice pratique 5 :
- S’imaginer face à un miroir, et faire « haaaa » pour envoyer une haleine chaude dessus, dans le but de faire apparaitre de la buée en un seul point.
Si l’on met de la tension, il n’y aura pas de buée !
Vérification :
- La voix est projetée devant
- La voix est ample
- On ne ressent aucune tension
Soigner sa position corporelle
La posture joue un rôle important dans l’obtention d’un bel aigu.
La bonne posture :
- pieds légèrement écartés et bien ancrés au sol
- Genoux légèrement fléchis
- Bassin basculé un peu en avant
Imaginez que vous avez un fil qui sort du haut du crâne et qui vous tire vers le ciel.
Il faut avoir une posture noble : se tenir droit, les épaules ouvertes et souples.
Exercice pratique 6 :
- Imaginez qu’un phare éclaire chaudement depuis votre plexus solaire. Vous ne voyez plus avec vos yeux, mais avec ce phare. En faisant cela, vous serez en position d’offrande. Garder cette position en chantant.
Quelques autres astuces :
Quand vous montez dans les aigus, pensez que vous descendez dans le grave.
Quand vous descendez dans le grave, pensez que vous montez dans les aigus.
Cela aidera à garder le larynx en position basse et à éviter de penser « note à atteindre ».
Une note nait de la précédente. C’est de cette façon que l’on soigne le timbre et l’homogénéité de la voix.
Après tout, c’est l’homme qui a inventé la note, les cordes vocales ne connaissent pas ces « sauts » de note, que ce soit aigu ou grave. C’est une notion d’écriture qui n’a aucune réalité pour elles. Ce sont juste des vibrations plus ou moins étendues.
Par contre, la représentation que nous nous faisons de la note peut nous amener à une sensation de « vertige » qui fait que nous avons peur de l’aigu !
La première note « tombe » sur nous, et il faut imaginer qu’elle existe déjà avant même que nous l’ayons produite. La technique vocale permet de continuer d’assumer toute la tessiture sans montrer de changement d’homogénéité de la voix, en lui offrant son plein potentiel, toutes ses harmoniques dans tous les registres.
Conclusion
Chanter dans les aigus et avoir une voix ample et puissante ne veut pas dire forcer, pousser la voix.
C’est dans la flexibilité, l’ouverture souple et une respiration contrôlée que vous obtiendrez un bel aigu.
Je vous recommande donc de travailler avec un bon professeur de chant qui pourra vous guider dans les médiums avec des vocalises adaptées à votre voix.
Bonjour et merci Fred pour ces précieux conseils. Mon professeur de chant lyrique me fait travailler dans la même direction que toi. Je progresse mais que cela est lent !!!
Je ne sais pas si les quelques difficultés que je rencontre sur scène sont dû à un travail pas encore aboutit, et / ou également à un problème de gestion du son sur scène et notamment en retours (nous travaillons actuellement avec des ears, mais c’est pas simple).
D’autre part, l’attitude du chanteur n’est pas facile à maintenir quand en plus on est guitariste… pas évident de penser à l’ouverture des côtes flottantes avec le poids et la gène occasionnée par l’instrument, la distance avec le micro etc.
Mais j’y travaille !
Merci encore pour cette initiative et tes nombreux conseils.
Christophe (chanteur-guitariste du “Sounds Of Floyd immersive show”
Merci Christophe! si tu as besoin de conseils, n’hésites pas à m’envoyer un mail sur contact@chanter-pro.Com
Je te repondrai dès que j’aurais un moment!
Rock on!!
hello Christophe,
il est sur que la voix est un travail de tous les jours, mais parfois ce sont des déclics qui nous font avancé. en ayant compris quelque chose sur la voix, parfois on fait un grand bon en avant. Je découvre encore plein de choses aujourd’hui et c’est ce qui fait que c’est passionnant.
Ne te prends pas trop la tête avec l’ouverture des cotes flottante. essaye juste de penser à avoir une bonne position du sternum (position haute, mais sans avoir un balai dans le c..)et de respirer librement. La plupart du temps, en étant guitariste, on a tendance a se vouter. c’est sur que ce n’est pas la position idéale.
Moi, dans mes ears monitor, ma voix est très forte par rapport à la musique. et je met aussi de la reverb pour simuler un espace car avec des ears ce n’est pas naturel.
Salut Fred, merci pour ces bons conseils, je travailles actuellement depuis quelques semaines des exercices de Panofka pour ténor avec un bon prof, cependant mon contre do n'est pas toujours stable il sort parfois bien et d'autres fois un peu serré ou encore ne veut pas sortir du tout dans une pièce comme che gelida manina par exemple. Dois-je laisser un peu de côté ce genre de pièces pour un certain temps ou travailler différemment ou d'une autre façon ? y a-t-il aussi des produits naturels ou homéopatiques pour aider ou renforcer l'appareil vocal ?
Merci de ton attention !
hello, il faudrait bien travailler ta voix médium avant d’attaquer les aigus. l’assise vocale sur le souffle, la formation des voyelles, les résonateurs, le vibrato. Une fois que tout est nickel, on passe au registre supérieur progressivement. Dans le registre lyrique, Che Gelida Manina n’est pas la plus facile.
Quand tu parles du contre Ut, c’est sur “Chi son”?
en fonction des voix il y a plusieurs façon de le travailler. En ce qui me concerne, quand j’ouvre ma gorge en faisant la voyelle “OU” au dessus du passage, ça marche (mais ça ne peut pas marcher chez tout le monde je pense. d’ou l’importance d’être suivi avec un bon prof lyrique en qui on a confiance)(quand je dis la voyelle “ou”, je ne la forme pas avec la bouche, c’est a l’intérieur de la gorge/pharynx. la bouche est ouverte)
voici aussi une autre exemple de travail: chanter la chanson en enlevant toute les consonnes.
Passes de bonnes fêtes.à bientôt!
Bonsoir Fred. Merci pour ces conseils. Je chante depuis quelques années (10 ans) en choeur (répertoire classique), en cours de chant individuel et parfois en groupe (répertoire chanson française, pop..).
J'ai cependant un souci que je n'arrive pas encore à dépasser. Ma voix se fatigue assez vite et surtout dans les aigus. Trop de tension et pas assez de détente je pense…Je sens bien que je serre au niveau de la gorge et malgré les conseils de mon prof, je bloque….
Auriez un conseil supplémentaire ? Merci beaucoup
Hello! Le probleme peut être due à plusieurs causes. C’est assez difficile de l’ecrire. Le probleme peut etre le soutien de la voix avec le souffle.
Ca peut etre aussi une trop grande pression du souffle et encore plein d’autres parametres.
Dans un premier temps, je te conseillerais de bien travailler ta voix medium et etre à l’aise dedans. Si la voix medium est sans tensions, ample, souple, avec un beau vibrato, on peut alors s’attaquer aux aigus.
Si t’as d’autres questions n’hesites pas.